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Utilisons tout ce que les pollinisateurs ont à nous dire pour améliorer les politiques futures

  • beelifeeu
  • 26 mars 2021
  • 4 min lire

Mise à jour : 1 avril 2021


Alors que les institutions européennes et les États membres continuent d'élaborer la future politique agricole commune, certaines mesures doivent être préservées et améliorées. La future PAC utilisera des outils pour contrôler son impact sur l'environnement. L'indice pollinisateur est l'un de ces outils qui permet de surveiller la situation des pollinisateurs dans le cadre de la PAC, en conjonction avec d'autres politiques ayant une incidence sur le paysage. Cet outil est actuellement développé par la DG Environnement de la Commission européenne, conformément à l'initiative de l'UE en faveur des pollinisateurs [1]. Toutefois, la proposition actuelle ne

n'exploitent pas pleinement le potentiel des informations environnementales que les pollinisateurs peuvent nous fournir.


Les participants aux trilogues doivent non seulement veiller à ce que l'indice des pollinisateurs soit un élément de suivi intégré dans la PAC, mais aussi à ce qu'il soit suffisamment ambitieux pour comprendre correctement les conditions sur le terrain. Cet objectif ne peut être atteint qu'en incluant à la fois les pollinisateurs sauvages et les abeilles domestiques dans un futur indice des pollinisateurs.


La proposition de la DG ENVI pour un indice des pollinisateurs est prudente car il existe de nombreux autres paramètres que nous obtenons des pollinisateurs et qui pourraient être intégrés. Nous considérons que la division entre pollinisateurs sauvages et domestiques est artificielle, car tous les pollinisateurs sont soumis aux mêmes facteurs de stress environnementaux. En outre, il est possible d'obtenir des informations complémentaires précieuses en travaillant également avec des abeilles domestiques. Depuis de nombreuses années, les apiculteurs et les scientifiques utilisent les colonies d'abeilles mellifères comme échantillonneurs environnementaux.


L'une des raisons pour lesquelles la DG ENVI a écarté les abeilles mellifères est leur rôle dans la production d'aliments et de produits dérivés de la colonie, ce qui dépasserait sa compétence institutionnelle. Toutefois, il s'agit là d'une vision trop étroite des abeilles mellifères. Les abeilles domestiques fournissent également des services de pollinisation essentiels ayant un impact bénéfique significatif sur l'environnement en général, et offrent un mode de vie dans un secteur économique. Plus important encore, les abeilles domestiques gérées sont des partenaires essentiels de la surveillance de l'abondance et de la qualité des ressources dont dépendent les autres pollinisateurs.


Actuellement, la surveillance prévue par la proposition de la Commission se concentre sur la cartographie de la présence et de l'abondance d'un nombre limité d'espèces pollinisatrices sauvages. Il s'agit là de paramètres nécessaires au suivi de la situation des pollinisateurs en Europe et d'une norme minimale que les États membres devraient accepter dans le cadre de la future PAC. Néanmoins, les pollinisateurs (y compris les abeilles domestiques) peuvent fournir des informations bien plus importantes.


Nous mettons en évidence trois des paramètres que nous proposons pour analyser les colonies d'abeilles qui permettent d'extrapoler les conditions générales pour les pollinisateurs sauvages :


  • Pertes annuelles de colonies en hiver : Le taux de perte de colonies en hiver est un paramètre qui donne une indication de la santé économique du secteur apicole. Historiquement, les taux annuels moyens de perte de colonies ont atteint jusqu'à 50 %, ce qui signifie que les apiculteurs ont perdu 50 % de leur capacité à produire des produits apicoles et à assurer la pollinisation. Cela oblige les apiculteurs soit à multiplier leurs colonies (ce qui implique une perte de production), soit à acheter de nouvelles colonies (s'il y en a), soit à garder beaucoup plus de colonies en sachant qu'au cours de l'hiver, la moitié d'entre elles mourront.

  • La richesse botanique des matrices collectées par les abeilles (par exemple, les analyses de pollen et de miel) : Le nombre d'origines botaniques différentes et l'abondance de chacune d'entre elles est une excellente indication pour évaluer la diversité végétale dans des zones à large champ (typiquement d'un rayon de 3 km). Les ressources disponibles sont pertinentes pour les abeilles et la pour la santé des abeilles et des pollinisateurs en général. Il existe clairement un lien direct entre la disponibilité des ressources nutritionnelles et l'abondance et le bien-être des pollinisateurs gérés et sauvages. Cet indicateur permet de mesurer l'efficacité des mesures favorisant la disponibilité des ressources dans les terres agricoles (AECM, bandes tampons, etc.).

  • Abondance et richesse des pesticides dans les matrices collectées par les abeilles : Le nombre de pesticides différents trouvés dans les matrices collectées par les abeilles, leurs quantités et les risques associés sont des indicateurs permettant d'évaluer la conformité des agriculteurs avec la réglementation sur les pesticides et les bonnes pratiques agricoles. Ce paramètre peut et doit être inclus tout en reconnaissant la persistance de certains pesticides dans l'environnement et leurs effets chroniques et sublétaux sur les pollinisateurs qui affectent directement leurs taux de survie [2] [3].


Les paramètres précédents vont clairement au-delà de l'évaluation de la santé des abeilles. Ils permettent de contrôler à la fois des abeilles (y compris leur dimension économique) et pollinisateurs sauvages, tout en fournissant des méthodes d'analyse robustes. En outre, des programmes de surveillance basés sur des matrices d'abeilles mellifères sont réalisables. Ils peuvent bénéficier de projets et d'initiatives en place aux niveaux local et européen, tels que le projet MUST-B de l'Autorité européenne de sécurité des aliments [4].


Les politiques futures et les objectifs visant à relever les défis environnementaux qui affectent tous les pollinisateurs peuvent bénéficier d'une perspective intégrale, qui reconnaît la variété des pollinisateurs et les informations précieuses que nous pouvons recueillir à partir de différentes sources. Les différents pollinisateurs nous fournissent des informations différentes, alors profitons de cette diversité pour améliorer les politiques et garantir de meilleures dépenses publiques !


Vous trouverez également ci-dessous notre proposition complète d'index des pollinisateurs.


Fiche d'information : https://bit.ly/FactsheetsBLIndex



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Article sur notre proposition d'index des pollinisateurs : http://bit.ly/BeeLifePollinatorIndexArticle


Rapport sur l'avenir de la PAC : http://bit.ly/CAP-Pollinators



Références :


[1] Commission européenne. 2018. COMMUNICATION DE LA COMMISSION AU PARLEMENT EUROPÉEN, AU CONSEIL, AU COMITÉ ÉCONOMIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN ET AU COMITÉ DES RÉGIONS Initiative de l'UE en faveur des pollinisateurs. https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/?qid=1528213737113&uri=CELEX:52018DC0395


[2] Simon-Delso, N., Martin, G. S., Bruneau, E., Delcourt, C. & Hautier, L., 2017, The challenges of predicting pesticide exposure of honey bees at landscape level, Scientific Reports 7, 3801.


[3] Porrini, C. et al, 2003, Honey bees and bee products as monitors of the environmental contamination, Apiacta 38, 63-70.

[4] Autorité européenne de sécurité des aliments. Santé des abeilles - Projet MUST-B Une approche holistique de la santé des abeilles

Évaluation des risques liés aux facteurs de stress multiples chez les abeilles.

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