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Santé des abeilles, amélioration de l'évaluation des risques et politique agricole commune (PAC) axée sur la collaboration avec les abeilles

  • Coordination européenne de l'apiculture BeeLife
  • 25 mars 2019
  • 4 min lire

Le Congrès apicole européen de Congrès apicole européen Beecome s'est déroulé du 22 au 24 mars à Blaj, en Roumanie, pendant le festival du miel. Avec des participants venus de toute l'Europe, cet événement a été l'occasion d'un échange important sur l'apiculture, la santé des abeilles et la politique concernant nos pollinisateurs. La coordination européenne de l'apiculture BeeLife, ainsi que l'Association européenne des apiculteurs professionnels (EPBA), ont également pris part à la discussion, avec trois messages clés concernant la santé de nos pollinisateurs, la biodiversité et la qualité de l'environnement.

1. Nous devons adopter le document d'orientation de l'EFSA sur les abeilles

Le "Guidance on the risk assessment of plant protection products on bees (Apis mellifera, Bombus sp. and solitary bees)" ou souvent appelé "Bee Guidance document", préparé par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) en 2013, offre des améliorations significatives pour les méthodes d'évaluation des risques.

Depuis sa publication il y a près de six ans, les États membres de l'UE continuent de reporter l'adoption du document d'orientation de l'EFSA qui prévoit une meilleure protection des abeilles contre les pesticides dangereux. Ce document a même servi à l'interdiction partielle, en 2013, de trois substances néonicotinoïdes (l'imidaclopride, le thiaméthoxame et la clothianidine). Cependant, le Comité permanent des plantes, des animaux, des denrées alimentaires et des aliments pour animaux (SCoPAFF) a maintenant la possibilité d'améliorer les efforts européens pour la protection des abeilles, des pollinisateurs et de la biodiversité. Lors de ses prochaines sessions sur les produits phytopharmaceutiques, le Comité pourra mettre au vote et approuver le document d'orientation, que BeeLife et ses membres continuent de soutenir.

Outre l'amélioration de l'évaluation des risques liés aux produits apicoles, l'adoption du document d'orientation sur les abeilles enverrait également un message fort selon lequel la Communauté européenne prend des mesures importantes pour la protection des abeilles, des autres pollinisateurs et de leur rôle dans la nature.

2. Un indice des pollinisateurs en tant qu'indicateur peut être très utile à la prochaine politique agricole commune.

L'UE réforme actuellement sa politique agricole commune (après 2020), et l'un des principaux objectifs est de parvenir à un système agricole plus durable. À cette fin, BeeLife insiste pour qu'un indice des pollinisateurs (soutenu par la DG ENVI) soit inclus, car il peut apporter des avantages significatifs à la mesure des résultats. En collaboration avec les abeilles, nous pouvons mesurer plus précisément les résultats de ce que nous faisons sur le terrain et comment nous pouvons améliorer notre système agricole pour le rendre plus durable.

L'utilisation d'un indice pollinisateur peut servir d'indicateur de substitution pour les services de pollinisation, la santé et la qualité de l'environnement, et même aider à améliorer la mesure des résultats des politiques incluses dans la PAC. Comme indiqué dans le document de BeeLife "Pourquoi nous avons besoin des abeilles comme indicateurs dans la prochaine PAC"les avantages d'un indice des pollinisateurs représentent une excellente opportunité pour la durabilité de l'agriculture dans l'UE.

3. L'octroi systématique d'autorisations d'urgence pour les produits apicoles interdits doit cesser

Les apiculteurs européens ont une expérience de première main de l'impact négatif de certains produits phytopharmaceutiques sur les abeilles. Sur la base des preuves apportées par les nouvelles méthodes d'évaluation des risques, la Commission européenne a décidé d'interdire partiellement trois substances néonicotinoïdes en 2013, puis d'étendre l'interdiction à toutes les utilisations en plein air en 2018. Toutefois, les effets néfastes des néonicotinoïdes restent une menace, car plusieurs États membres délivrent régulièrement des autorisations d'urgence.

Les dérogations constantes à l'interdiction européenne et l'octroi d'autorisations d'urgence continuent de mettre en péril l'équilibre des écosystèmes, les moyens de subsistance des apiculteurs, ainsi que leur collaboration nécessaire avec l'agriculture pour les services de pollinisation, et la valeur culturelle de notre relation avec les abeilles.

Les "autorisations d'urgence" pour les pesticides interdits ou non approuvés ne peuvent être utilisées que dans des "circonstances exceptionnelles", par exemple lorsqu'un danger pour les cultures ou l'environnement ne laisse pas d'autre choix à l'agriculteur ou à l'État membre que d'utiliser le pesticide. Toutefois, ce mécanisme fait l'objet d'abus. Entre 2013 et 2016, les États membres ont accordé plus de 1 100 autorisations d'urgence, dont 62 autorisaient l'utilisation de néonicotinoïdes. De plus, il existe des cas inquiétants comme celui de la Roumanie, qui a délivré une autorisation d'urgence pour les produits de la famille des néonicotinoïdes pendant six années consécutives, y compris en 2019.

Ces cas montrent que l'article 53 du règlement (CE) n° 1107/2009 est utilisé de manière abusive. Non seulement la condition d'"urgence" est discutable, mais souvent les procédures de notification établies ne sont pas suivies. Nous devons ouvrir le débat sur de nouvelles formes de respect de la réglementation européenne, ce qui permettrait à toute l'Europe de bénéficier des développements et des résultats des nouvelles méthodes d'évaluation des risques.

Le président de BeeLife, Francesco Panella, souligne l'importance de ces trois points. "La première et indéniable priorité de l'agriculture moderne est de préserver l'élément essentiel de la fertilité : la biodiversité. Arrêter le déclin progressif et dramatique des petites formes de vie - bactéries, insectes, pollinisateurs et abeilles - est le défi à relever pour préserver la production alimentaire de demain. Les abeilles peuvent être un indicateur exceptionnel de l'impact de nos méthodes de production et de lutte antiparasitaire actuelles. Il n'est plus temps de détourner le regard mais d'affiner les outils de compréhension, car le changement est possible. Nous sommes encore dans les temps... peut-être !

BeeLife croit fermement au grand potentiel de la collaboration entre nos abeilles et notre système agricole. Toutes nos propositions cherchent à améliorer cette collaboration, afin de permettre à la nature de contribuer à notre sécurité alimentaire. En protégeant nos abeilles et en améliorant cette collaboration, nous pouvons envisager une agriculture encore plus respectueuse des abeilles à l'avenir.

- Fin -

Contact : Andrés SALAZAR, BeeLife European Beekeeping Coordination : comms@bee-life.eu

NOTE AUX RÉDACTEURS :

La coordination apicole européenne BeeLife est une association formée par des professionnels du secteur apicole de différents pays de l'Union européenne. Son activité principale est l'étude de l'impact sur les abeilles des menaces environnementales telles que les pesticides ou les organismes génétiquement modifiés (OGM).

BeeLife œuvre pour la protection des abeilles en partant du principe que "les abeilles sont le canari dans la mine d'or", tirant la sonnette d'alarme lorsque quelque chose "ne va pas dans l'environnement". En outre, les abeilles créent 30 % de notre alimentation en pollinisant les fruits, les légumes et les cultures arables telles que le tournesol et le colza, ce qui leur confère une valeur intrinsèque que la Coordination s'efforce de protéger.

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