L'aiguillon caché : Contradictions dans la pression de l'UE pour les importations de miel ukrainien
- beelifeeu
- 30 juillet
- 3 minutes de lecture
Mise à jour : 31 juillet
Alors que la Commission européenne a proposé un nouvel accord commercial avec l'Ukraine, autorisant jusqu'à 35 000 tonnes d'importations annuelles de miel en franchise de droits, des questions se posent sur la manière dont cette décision s'aligne sur les engagements plus larges de l'UE en matière de soutien à l'apiculture européenne, de sécurité alimentaire et de priorités du marché intérieur de l'UE. Bien que l'accord s'inscrive dans le cadre d'un effort plus large visant à soutenir l'économie ukrainienne et qu'il soit conforme à la volonté de la Commission de faciliter l'intégration de l'Ukraine dans l'UE, ses implications potentielles pour le secteur du miel méritent d'être examinées de plus près. En réponse à ces préoccupations, BeeLi En réponse à ces préoccupations, BeeLife a activement soutenu son réseau de membres en fournissant une lettre de position et une alerte, les encourageant à s'engager auprès de leurs ministères nationaux respectifs afin de les sensibiliser et de promouvoir une réponse coordonnée.
Aidez les apiculteurs ukrainiens. Protéger le miel de l'UE
La contradiction centrale est flagrante : comment l'UE peut-elle concilier son engagement déclaré à protéger les secteurs agricoles sensibles, tels que l'apiculture, avec une politique qui accélère l'afflux de miel à bas prix, potentiellement intraçable ? Le nouveau quota représente une augmentation de 583 % par rapport à la franchise de droits de 6 000 tonnes introduite dans l'accord provisoire de 2016. Ce bond spectaculaire a suscité des inquiétudes, notamment en raison de la situation déjà précaire de l'apiculture européenne. précaire de l'apiculture européennequi souffre d'une augmentation des coûts, d'une baisse des ventes et d'une concurrence déloyale sur le marché. Comme l'indique le rapport sur le marché européen du miel (European Honey Market Report) Rapport sur le marché européen du miel: "Le marché européen du miel est confronté à une crise (...). En 2022, l'UE ne produira que 60 % de ses besoins en miel (...). De nombreux miels importés ne répondent pas aux normes de qualité de l'UE, souvent en raison d'un mauvais étiquetage et de l'ajout de sirops de sucre". (Télécharger le document complet ici).
Cet afflux de miel importé fait non seulement chuter les prix européens, mais jette également un doute sérieux sur l'authenticité et l'origine du produit. L'absence d'un système de traçabilité efficace et totalement transparent signifie que les consommateurs peuvent être exposés à un miel dont la qualité et l'origine sont incertaines.
Risques de fraude et déséquilibre du marché
Les preuves de la vulnérabilité systémique s'accumulent. Au cours du premier semestre 2024, les importations de miel ukrainien ont connu un pic de 85 %, certains États membres faisant état d'augmentations de plus de 200 %. Avec 54 000 tonnes importées au cours de cette période de six mois, dépassant même les niveaux d'avant-guerre, la crédibilité de ces chiffres et l'authenticité des produits sont discutables.
Cette dynamique risque d'entraîner des dommages à long terme pour l'apiculture européenne. l'apiculture européennele secteur est déjà déjà sous une pression considérableLe secteur est déjà soumis à une pression considérable, avec une population apicole vieillissante et des difficultés croissantes à faire face à de multiples défis. Il existe un risque tangible de voir se poursuivre le déclin d'une profession qui fournit des services environnementaux, culturels et sociétaux essentiels (pollinisation, sauvegarde des fonctions écologiques, attention portée à la prospérité de la biodiversité et à l'écosystème).
La traçabilité doit primer
En l'absence d'un système de traçabilité solide et applicable permettant de vérifier l'origine du miel importé, l'augmentation des quotas d'importation n'a guère de sens d'un point de vue économique ou éthique. L'UE doit veiller à ce que tout le miel entrant dans l'Union dans des conditions préférentielles fasse l'objet d'un suivi transparent, de la ruche à l'étagère. Il convient de s'interroger sur les raisons stratégiques qui justifient de nouvelles concessions tarifaires dans un contexte où le marché intérieur présente déjà des signes de déséquilibre et de contrôle limité.
Production interne ignorée, importations externes encouragées
L'accord avec l'Ukraine n'est pas un cas isolé. Des accords commerciaux similaires avec le Mercosur et le Mexique ajoutent des quotas supplémentaires en franchise de droits de 45 000 et 35 000 tonnes, respectivement. Si le miel de Manuka est une niche à part entière et un marché en soi (caractérisé par des prix très élevés), qu'en est-il du miel provenant du Viêt Nam ? Ou de l'Inde ? Et des nombreuses autres sources qui façonnent discrètement un marché de plus en plus difficile à réglementer ou à contrôler ?
Il manque également une agrégation fiable de données actualisées sur les volumes de production de miel dans l'UE. En l'absence de chiffres consolidés régulièrement, la prise de décision risque de s'appuyer sur des informations obsolètes ou fragmentées. Le Rapport sur le marché européen du miel, offre l'un des rares aperçus complets de l'état actuel du marché du miel, soulignant les défis croissants auxquels le secteur est confronté.
Le temps de la clarté stratégique
L'UE doit agir de manière décisive pour sauvegarder l'apiculture nationale. Les quotas en franchise de droits ne devraient être mis en œuvre que lorsque la traçabilité est garantie. Une clause de sauvegarde générale doit être introduite et rendue opérationnelle pour le miel et les autres produits sensibles. Plus important encore, les accords commerciaux doivent être évalués non seulement en fonction de l'opportunité géopolitique, mais aussi de leur cohérence avec l'intégrité du marché intérieur et les objectifs de durabilité de l'Union.
Dans le cas contraire, l'Europe risque de saper les secteurs qu'elle prétend protéger, bocal par bocal.