Cette semaine, le 2 avril 2019, les membres de la commission de l'agriculture et du développement rural (COM AGRI) du Parlement européen ont voté en faveur de la définition des règles relatives aux plans stratégiques de la politique agricole commune (PAC). Avec 27 voix pour, 17 contre et une abstention, les députés ont approuvé un texte qui établira l'avenir du développement agricole dans l'UE. Toutefois, le résultat est déjà une division des opinions entre différents groupes politiques et des organisations de protection de l'environnement, la décision ayant ignoré plusieurs recommandations de la commission de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire (COM ENVI).
Dans leurs efforts autour de la réforme de la PAC, les organisations environnementales Arche Noah, PAN Europe et BeeLife European Beekeeping Coordination analysent les résultats du vote et présenteront leur position officielle commune dans les prochains jours. Cependant, il y a déjà un aspect notable du texte qui met en évidence une tentative de protection des abeilles et des pollinisateurs. Il comprend un Indice Pollinisateur en tant qu'indicateur de résultat. Cet indice a été maintenu dans le texte proposé grâce au travail des organisations de protection de l'environnement et à celui de la Commission européenne, notamment la DG Environnement, qui a lancé en 2018 son Initiative Pollinisateur.
Voir aussi : Pourquoi avons-nous besoin des abeilles comme indicateurs dans la prochaine Politique Agricole Commune – BeeLife
COM ENVI Session Livestream
Les partis politiques ont exprimé leurs différentes interprétations des résultats. Pour la rapporteuse et membre du Parti populaire européen (EPP), Esther Herranz García, le résultat est un équilibre entre développement agricole et ambitions environnementales, comme elle l'a mentionné lors de la conférence de presse qui a eu lieu mardi après le vote [1].
Le groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ALDE) a également exprimé son accord partiel face au résultat, alors que le rapporteur fictif Jan Huitema a déclaré « Je suis très heureux que le comité AGRI veuille abandonner les mesures générales inefficaces et se concentrer plutôt sur des programmes ciblés qui produiront réellement des résultats en matière de protection du climat et de l'environnement » [2].
D'autre part, pour l'Alliance libre européenne des Verts, le texte adopté constitue « un pas en arrière et un coup dévastateur pour les agriculteurs, les consommateurs et l'environnement. La majorité des députés de la commission de l'agriculture sont attachés aux méthodes de destruction de l'environnement du passé, préférant continuer à pratiquer une agriculture intensive, dépendant de produits agrochimiques, plutôt que de satisfaire les besoins des agriculteurs et des écosystèmes fragiles » [3].
L'Alliance progressiste des socialistes et démocrates a également présenté ses critiques aux résultats, affirmant que le texte adopté donnait la priorité à l'agriculture industrielle par rapport aux petits producteurs durables. La rapporteuse fictive Maria Noichl a même attiré l'attention sur l'importance des éco-schèmes et des perspectives contradictoires au sein du parlement : « Nous voulions un financement plus important pour les mesures qui vont fournir ces biens publics - notamment les éco-schèmes, EPP et ECR n'étaient pas intéressés » [4].
Il y a clairement des interprétations différentes pour le même texte, laissant la discussion sur l'avenir de la PAC toujours ouverte. Outre les déclarations des partis politiques, des organisations d'agriculteurs et des ONG participent également au débat, ce qui aura sans aucun doute un impact sur les développements futurs de la politique agricole.
Après le vote d'hier, le texte devra maintenant être examiné par l'ensemble du Parlement européen, mais pas avant les prochaines élections du 23 au 26 mai. À ce moment-là, le président du Parlement et les chefs de groupes politiques ont deux options : transmettre le texte à la plénière pour son vote ou l'ouvrir à l'analyse et aux modifications apportées par le nouveau COM AGRI.
[1] http://www.europarl.europa.eu/news/en/press-room/20190401IPR34587/fairer-simpler-more-flexible-eu-farm-policy-meps-vote-on-post-2020-reform
[2] https://alde.eu/en/news/1283-common-agricultural-policy-post-2020-securing-competitiveness-while-delivering-on-climate-and-environmental-protection/
[3] https://www.greens-efa.eu/en/article/press/proposed-cap-reform-a-devastating-blow-to-farmers-consumers-and-the-environment/
[4] https://www.socialistsanddemocrats.eu/newsroom/sds-conservative-ultra-liberal-agriculture-policy-not-what-eu-citizens-expect-well-keep